mardi 11 décembre 2012

L'HEURE DÉCISIVE APPROCHE !

L'esprit de gaieté ne règne plus dans la salle. Dehors, en revanche, la fête continue. Tous les habitants de cette grande ville boivent et s'amusent à coeur joie. La cité se trouve sans surveillance. On a négligé de fermer les portes. Les soldats babyloniens ne montent pas la garde sur les murailles bordant les deux rives de l'Euphrate pour prendre au piège d'éventuels assaillants qui emprunteraient le chemin du fleuve et pour les abattre de leurs flèches tirées d'en haut.


Il n'est pas nécessaire d'attendre que le lit de l’Euphrate soit complètement à sec. La nuit s'avance, et le temps est précieux ! Soudain, les Mèdes et les Perses se répandent dans le lit du fleuve, au nord et sud de la ville, certains soldats à mi-chemin des deux berges devant patauger dans l'eau jusqu'aux cuisses.* Les deux groupes d'hommes marchent l'un vers l'autre, sans toutefois essuyer une pluie de projectiles envoyés du haut des murailles qui enferment les envahisseurs comme dans une gorge. Pendant qu'ils avancent, ils entendent le bruit des réjouissances venant de l'intérieur des murs.


Et maintenant, soldats mèdes, perses et vos alliés, montez sur les quais aménagés le long de rives ! Courez vers les portes, ces portes qui se trouvent au bout de chaque rue menant au fleuve ! Autant que possible, surprenez les gardes ! Regardez donc ! Les portes sont ouvertes !
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       * George Grote, The Great Events by Famous Historians Edition universitaire, copyright 1905, by The National Alumni, tome I, pages 265, 266, dans le chapitre intitulé " Les conquêtes de Cyrus le Grand en 538 av. J.-C."
       Cf. aussi L'Age d'Or,  édition anglaise du 7 juin 1922, page 572.

Ce n'est pas étonnant, puisque cette nuit toute la ville se livre à des festivités, et les habitants n'ont pas songé qu'une attaque pourrait venir par la route du fleuve. Ils comptent sur l'eau et non sur les portes pour vous barrer le passage.

ALLEZ-Y !



Les gardes en faction aux portes de Babylone sont rapidement maîtrisés, et les envahisseurs s'élancent dans les rues de la ville. Il n'y a pas de Babyloniens sur les toits des maisons pour leur lancer des projectiles.

C'EST FAIT ! Babylone est prise de toutes parts !

Et maintenant, soldats, au palais du roi !



Si vous rencontrez des Babyloniens en chemin, utilisez vos armes, mais ne poursuivez pas ceux qui se sauvent à l'intérieur de leurs maisons. Si des Babyloniens ivres vous parlent, répondez-leur comme si vous étiez de la fête. En tout cas, atteignez le palais du roi le plus vite possible !


Avant qu'ils n'y parviennent, des messagers Babyloniens arrivent au palais. Le premier d'entre eux est conduit devant le roi Belchatsar. Il lui dit, tout haletant : " L'ennemi est entré dans la ville du côté où je suis venu !" Congédié, il sort et rencontre un autre courrier qui vient d'arriver. Celui-ci déclare à Belchatsar : " La ville est prise dans la direction d'où j'ai été envoyé." Un troisième messager est amené devant le roi, puis un autre, et encore un autre. La ville est prise de tous côtés ! Que va faire le roi Belchatsar ?

 SE SUICIDER ? Il attend, indécis, dans son palais.


On force le pas et l'on arrive au palais royal. Les troupes rangées sous les ordres de Gobryas [Goubarou, gouverneur de Goutioum] et de Gadatas en trouvent les portes fermées. Ceux qui ont ordre d'attaquer les gardes tombent sur eux, tandis qu'ils boivent à la lueur d'un grand feu, et ils les traitent aussitôt en ennemis.
         Un grand bruit se fait, des cris s'élèvent; à l'intérieur on entend ce tumulte, et le roi ordonne d'aller voir ce qui en est. Quelques-uns courent pour ouvrirent et sortir.
          Les gens de Gadatas, voyant les portes ouvertes, s'y précipitent; ils voient ceux qui voulaient sortir rebrousser chemin et se sauver à l'intérieur; ils les talonnent et les frappent et arrivent ainsi jusqu'au roi; ils le trouvent debout, le cimeterre dégainé.
           Les gens de Gadatas et de Gobryas [goubarou] le tuent. Ceux qui étaient avec lui périrent, l'un en se retranchant derrière un abri, l'autre en fuyant, l'autre en se défendant avec ce qu'il peut trouver*.

En accord avec ce récit, nous lisons dans Daniel 5 :30,31, Da : " En cette nuit-là, Belchatsar, roi des Chaldéens, fut tué. Et Darius, le Mède, reçut le royaume, étant âgé d'environ soixante-deux ans."


L'ouvrage précité, la Cyropédie ou Education de Cyrus de Xénophon ( rédigée vers 370 av. n. è.), poursuit son récit en ces termes:
                       Cyrus envoya par les rues de la ville ses escadrons de cavalerie avec ordre de tuer ceux qu'ils trouveraient dehors et de proclamer, par la bouche de ceux qui savaient l'assyrien, que ceux qui étaient dans leur maison devaient y rester, et que, si l'on prenait quelqu'un dehors, il serait mis à mort. Ces ordres furent exécutés.
         Cependant Gadatas et Gobryas avaient rejoint Cyrus.
Leur premier soin fut de remercier les dieux pour la vengeance qu'ils avaient tirée d'un roi impie; puis ils baisèrent les mains et les pieds de Cyrus en pleurant de joie et d'allégresse.
          Quand le jour fut venu, les garnisons des citadelles, instruites de la prise de la ville et de la mort du roi, les livrèrent aussi.
           Cyrus s'en saisit aussitôt et y envoya des garnisons avec des officiers pour les commander. Il permit aux parents d'ensevelir leurs morts, et fit proclamer par des hérauts un ordre général aux Babyloniens d'apporter leurs armes, les prévenant que, si l'on trouvait des armes dans une maison, tous les habitants seraient mis à mort. En conséquence, ils apportèrent leurs armes. Cyrus les fit déposer dans les citadelles, pour les avoir à sa disposition, si jamais il en avait besoin. - Livre VII, chapitre V.
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