jeudi 23 mai 2013

LES CHRÉTIENS VIENNENT AU MONT SION

LA PROMESSE DU SEIGNEUR


Conformément à la promesse du Seigneur, et en dépit d'un naufrage en cours de traversée, Paul atteignit Puteoli, à environ deux cents kilomètres au sud-est de Rome, mais il était prisonnier des Romains. Le livre des Actes 28:14-16 poursuit le récit en ces termes : 
"Nous y trouvâmes des frères et nous fûmes priés de demeurer avec eux sept jours; et c'est ainsi que nous vînmes vers Rome. Et de là, les frères, quand ils apprirent la nouvelle à notre sujet, vinrent à notre rencontre jusqu'à la Place du Marché d'Appius et aux Trois-Tavernes et, en les apercevant, Paul rendit grâce à Dieu et prit courage. Quand enfin nous fûmes entrés à Rome, on permit à Paul de demeurer seul avec le soldat qui le gardait."

Nulle part il n'est fait mention que Pierre soit venu de Rome à la rencontre de Paul, et la suite du récit ne dit pas que Pierre a rendu visite à Paul, pendant la captivité de ce dernier, alors qu'il attendait de comparaître devant l'empereur Néron, le pontifex maximus. Il n'est pas plus fait mention de Pierre dans la longue lettre de Paul aux Romains et dans ses nombreuses salutations Romains 16:3-23.

Où était donc Pierre ?

Nous devrions nous attendre à trouver Pierre dans le territoire où il serait à même de s'acquitter de son "apostolat pour ceux qui sont circoncis". Galates 2:8. Il concentrerait donc ses efforts sur la Diaspora "Dispersion"*, qui comprenait la Dispersion orientale des Juifs, et au sujet de laquelle nous lisons ce qui suit :
Au temps du Christ, Josèphe pouvait dire que les Juifs étaient d'"innombrables myriades" en Babylonie (antiquités,XI, v,2). Il nous parle également des 2000 familles juives qu'Antiochus transféra de Babylone et de Mésopotamie en Phrygie et en Syrie.(...) Pendant des siècles, Babylone resta le foyer du judaïsme oriental, et à partir des discussions poursuivies par les écoles rabbiniques furent élaborés le Talmud de Jérusalem au Vème siècle de notre ère, et le Talmud de Babylone un siècle plus tard. Les deux principaux centres du judaïsme en Mésopotamie étaient les villes de Néerda, sur l'Euphrate, et de Nisibis, sur le Mygdonius, affluent du Chaboras. Ces deux villes étaient aussi le centre du christianisme syrien. - ISBE, tome II, page 856a.
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    * "Désigne les Juifs 'exilés' de la Terre promise de leur plein gré ou par la force, surtout dans la période où ils ont été expulsés de leur pays, après la destruction de Jérusalem par Titus en 70 de notre ère." - Concise Dictionary of Judaism de Dagobert D. Runes,1959.

Nous nous rappelons l'accord qui intervint entre Paul, apôtre des Gentils, et les "colonnes" de la congrégation, Jacques, Pierre et Jean, accord au sujet duquel Paul écrivit ce qui suit dans Galates 2:9: "Jacques et Céphas et Jean, ceux qui paraissaient être les colonnes, nous donnèrent, à moi et à Barnabas, la main droite de la participation, pour que nous allions vers les nations, mais eux vers ceux qui sont circoncis.

Conformément à ces paroles, le Jacques mentionné plus haut introduisit sa lettre par ces mots : "Jacques, esclave de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dispersées : Salutations!" De même, dans le dernier livre de la Bible écrit par le Jean précité, l'apôtre s'adressait aux congrégations d'Orient, en disant : " Jean aux sept congrégations qui sont dans le district d'Asie." Il rédigea ces paroles pour obéir au commandement que Jésus ressuscité lui avait donné en ces termes : "Ce que tu vois, écris-le dans un rouleau et envoie-le aux sept congrégations, à Éphèse et à Smyrne, à Pergame et à Tyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée." Révélation 1:4,11.

Mais que dit Pierre dans sa première lettre ?

Il donna à sa lettre l'introduction suivante : "Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux résidents temporaires dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie, à ceux qui sont élus selon la pré connaissance de Dieu le Père, avec sanctification par l'esprit, dans le but d'être obéissants et aspergés du sang de Jésus-Christ." I Pierre 1:1,2.

Aucun de ces lieux mentionnés ici ne se trouve en Europe ; ils sont tous en Asie Mineure.

Mais alors, on pourrait objecter que, lorsque Pierre écrivit aux chrétiens "résidents temporaires" en ces lieux, il se trouvait à Rome.

A cet argument, nous répondons que Pierre n'a pas mentionné Rome une seule fois.

Ceux qui prétendent que Pierre a résidé à Rome pendant cette période objectent que l'apôtre parlait de Rome dans un langage symbolique, qu'il la déguisait sous le nom de Babylone. Dans I Pierre 5:13, il déclara : "L'église de Babylone, élue comme vous, vous salue, ainsi que Marc, mon fils."( Bible du Cardinal Liénart).

Par exemple, l'en-tête de la première épître de Pierre, tel qu'il est édité en anglais par la société John Murphy, sous les auspices du cardinal Gibbons, déclare, entre autres, ce qui suit :
Il l'écrivit à Rome, qu'il appelle figurément Babylone, environ quinze ans après l'ascension de notre Seigneur.
Et la note en bas de page sur Babylone, dans I Pierre 5:13, est ainsi conçue : "Rome, au sens figuré." La note en bas de page de la Bible du cardinal Liénart déclare: "Babylone, c'est-à-dire Rome : cf. Apoc. 14:8 ; 17:5 ; 18:2 et 10." 

Si, d'après la publication catholique citée plus haut, Pierre écrivit sa première lettre environ quinze années après l'ascension de Jésus au ciel, la date la plus reculée pour la rédaction de la lettre de Pierre serait l'an 48. L'Encyclopédie catholique angl., édition de 1911, tome XI, page 753b, déclare à ce propos :
L'opinion la plus probable est celle qui consiste à la placer vers la fin de l'année 63 ou au début de 64 ; et saint Pierre ayant souffert le martyre à Rome en 64 (67?), l’Épître ne saurait être postérieure à cette date. En outre, elle laisse supposer que la persécution de Néron, qui commença vers la fin de 64, n'était pas encore déclenchée. (...) L’Épître ne saurait être antérieure à 63.
Il est donc entendu que Pierre écrivit son épître avant que Rome n'ait déclenché sa campagne de persécution contre la congrégation chrétienne. Dans ces conditions, si Pierre avait écrit sa lettre avant la persécution romaine, pourquoi aurait-il déguisé le nom de Rome, ou aurait-il employé métaphoriquement le nom de Babylone à sa place ? A ce sujet, l'Encyclopédie biblique de M'Clintock et Strong (angl.),tome VIII, page 18, déclare ce qui suit :
Mais pourquoi découvrir un sens mystique à un nom qui désigne le lieu de rédaction d'une épître? Il n'y a pas plus de raison de faire une telle interprétation que de donner une signification analogue aux noms géographiques du [chapitre]1, [verset]1. Comment ses lecteurs pourraient-ils lire Eglise de Rome dans les termes 

élue avec] vous à Babylone? Et s'il est vrai que Babylone représente une puissance spirituelle hostile, comme dans l'Apocalypse

(XVIII,21), il est alors étrange que l'ensemble des critiques catholiques adoptent ici pareille signification et admettent implicitement que ce nom s'applique à leur métropole spirituelle. Le Dr Brown, d’Édimbourg  fait ressortir un cas analogue - "De par sa situation, et parce qu'elle est un centre intellectuel, notre propre ville est quelque fois comparée à Athènes; mais il ne siérait pas de prétendre qu'une lettre arrive d’Édimbourg parce qu'elle est datée d'Athènes." (Expository Discourses on 1st Peter, i, 548).
    (...) L'interprétation normale consiste à prendre Babylone comme la ville bien connue de ce nom. En fait, nous ne possédons aucun écrit relatif à un quelconque voyage missionnaire de Pierre en Chaldée, car le Nouveau Testament ne donne que peu de détails sur la dernière partie de sa vie. Mais nous savons que de nombreux Juifs habitaient Babylone -
 [ou gar oligoi muriades: pour de nombreuses myriades],selon Josèphe - et un tel lieu n'était-il pas, dans une grande mesure, une colonie juive susceptible d'attirer l'apôtre de la circoncision ? (...) Reconnaissant que l'Empire parthe[dans lequel se trouvait alors Babylone] avait son propre gouvernement, il écrit aux personnes des autres provinces placées sous la juridiction romaine, leur enjoignant de reconnaître la suprématie de l'empereur et d'obéir aux divers gouvernements qu'i a envoyés pour régir l'administration locale. De plus, comme on l'a observé à maintes reprises, les pays dans lesquels résident les destinataires de l'épître (i, 1) sont énumérés dans l'ordre qu'adopterait naturellement une personne écrivant de Babylone. Elle commencerait par les pays limitrophes pour faire ensuite le tour des pays les plus éloignés, à l'ouest et au sud. Erasme, Calvin, Bèze, Light-foot, Wieseler, Mayerhoff, Bengel, De Wette, Bleek et peut-être la majeure partie des critiques modernes tiennent au sens littéral du vocable Babylone.

A l'appui de ces dires, citons l'ouvrage intitulé "Commentaire, critique et explication de l'Ancien et du Nouveau Testament" angl., par les Docteurs R. Jamieson, A. R. Fausset et D. Brown de Grande Bretagne, édition de 1873, Partie II, page 514b, sur Babylone : La Babylone chaldéenne sur l'Euphrate. Voir l'Introduction,SUR LE LIEU DE RÉDACTION de cette épître, pour preuve qu'il ne s'agit pas de ROME comment le prétendent les Papistes; à comparer au sermon de LIGHT FOOT. N'est-ce pas invraisemblable, dans une salutation amicale, que d'employer le titre énigmatique donné dans la prophétie (Jean, Révélation 17:5) ? Babylone était le centre d'où dériva la Dispersion asiatique aux membres de laquelle Pierre s'adressa. Le Ligatio ad Caium, section 36, de PHILON, et les antiquités, 15, 2.2; 23:12 de JOSÈPHE, nous informent qu'il y avait un grand nombre de Juifs à Babylone aux temps apostoliques (tandis qu'à Rome, ils étaient peu en comparaison : environ 8000, JOSÈPHE 17.11) ; il serait donc tout naturel qu'elle soit visitée par l'apôtre de la circoncision. Elle était le siège de ceux à qui il s'était adressé, avec succès, à la Pentecôte, Actes 2:9, les Juifs "Parthes (...) habitants de Mésopotamie" ( les Parthes étaient alors les maîtres de la Babylone de Mésopotamie); à ceux-là, il témoigna en personne. Il témoigne maintenant par lettre à ses autres auditeurs, les Juifs "habitants de la Cappadoce, du Pont , de l'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie". DENYS, évêque de Corinthe, qui vécut dans la seconde moitié du deuxième siècle, est la toute première autorité qui se prononce pour le martyre de Pierre à ROME. Le désir de représenter Pierre et Paul, les deux principaux apôtres, comme fondant ensemble l'Eglise de la métropole, semble être à l'origine de cette tradition. CLÉMENT DE ROME ( 1 Epistola ad Corinthios, sections 4,5), SOUVENT CITE, S'Y OPPOSE FORMELLEMENT. Il mentionne ensemble Paul et Pierre, mais il fait la distinction à propos de Paul, disant qu'il a prêché et à l'est et à l'ouest, ce qui sous-entend que Pierre n'est jamais allé à l'ouest*.
          Dans II Pierre 1:14, il déclare : "L'abandon de mon tabernacle est proche", montrant par là que son martyre était proche, et ne faisant aucune allusion à ROME ni à quelque intention de s'y rendre*.
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    * La première lettre de Clément aux Corinthiens, section 5, déclare ceci : "(...) Mettons devant nos yeux les bons apôtres. Par fausse envie, Pierre subit non pas une, ni deux, mais de nombreuses peines; et ainsi, ayant rendu témoignage jusqu'à la mort, il alla dans le lieu de gloire qui lui était dû. Par envie, Paul obtint la récompense de la patience. Il fut sept fois dans les liens; il fut fouetté  il fut lapidé. Il prêcha à la fois à l'est et à l'ouest, laissant derrière lui le glorieux rapport de sa foi. Ainsi, ayant consigné sa justice au monde entier et atteint les confins de l'occident, il souffrit le martyre, sur l'ordre des gouverneurs, quitta ce monde, et alla dans le saint lieu, nous laissant un modèle parfait de patience." - Page 6 de l'ouvrage A Translation of the Epistles of Clément of Rome, Polycarp and Ignatus de Temple Chevalier, B.D., édition de 1833, Londres. Voir aussi le livre The Apostolic Fathers - An American Translation de Edgar J. Goodspeed, édition de 1950, pages 51 , 52.

En ce qui concerne ces rédactions religieux des oeuvres littéraires des premiers siècles ne faisant pas partie de la Bible, même s'ils affirment que Babylone signifie Rome, que Babylone est un nom apocryphe pour Rome, que faut-il en conclure ? Leurs déclarations ne sont pas inspirées et, partant, ne sont pas vérité infaillible. Il faut nous souvenir que, comme les écrivains bibliques des temps pré chrétiens, l'apôtre Pierre a écrit ses deux lettres sous l'inspiration de l'esprit saint de Dieu II Pierre 1:20,21. Il a donc écrit I Pierre 5:13 sous inspiration, raison pour laquelle ce passage doit être la vérité. Toutefois, si Pierre avait été poussé à écrire et à dire que Babylone signifiait Rome, non seulement Pierre aurait été dans l'erreur, mais l'esprit de Dieu qui l'inspirait également ; ce dernier aurait commis une faute. pourquoi ? Parce que Babylone la Grande, dans Révélation 17:5, n'était pas et n'est pas Rome, comme nous le verrons plus tard. Mais jamais l'esprit saint de Dieu n'aurait inspiré Pierre pour qu'il écrive une contre-vérité. Plus pour cette dernière raison que pour toutes les autres, aussi bonnes soient-elles, Babylone ne signifie pas Rome dans I Pierre 5:13, mais plutôt la Babylone de l'Antiquité, prise au sens littéral.

Si nous consultons l'Atlas biblique historique Westminster (angl.) de Wright et Filson, édition révisée de 1956, et si nous examinons, à la page 89, la carte intitulée " Le monde romain à la naissance de Jésus", nous noterons l'indication selon laquelle la ville de Babylone existait alors, sur l'Euphrate. Or, dans I Pierre 5:13, si l'expression " Celle qui est à Babylone" désigne une congrégation en ce lieu, la congrégation en question n'a pas empêché que Babylone ne devienne une ruine complète, pour accomplir la prophétie.
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     * Concernant le Denys mentionné ci-dessus, la Cyclopeodia de M'Clintock et Strong, tome VIII, page 14, déclare : " Eusèbe (iii, 25, dans une citation de Denys, évêque de Corinthe) ajoute qu'ils [Pierre et Paul] souffrirent ensemble le martyre. (...) Cependant, l'histoire complète ne repose que sur le seul témoignage de Denys, qui a dû mourir vers l'an 176 apr. J.-C. (Les passages de Clément de Rome, 1 aux Corinthiens v, et d'Ignace, aux Romains, v, n'établissent rien). (...) Epiphane (xxvii, 7) appelle même Paul l'évêque des chrétiens de Rome."

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