lundi 3 décembre 2012

BABYLONE LA GRANDE EST TOMBÉE !

La lune commençait à décliner au-dessus de Babylone, car c'était la nuit du seizième jour du mois lunaire de tisri, le septième mois de l'année religieuse des Juifs, en l'an 539 avant notre ère. Vraisemblablement le prophète Daniel et les autres Juifs, maintenant âgés, qui avaient été déportés à Babylone se souvenaient du temps où, à cette époque de l'année, ils célébraient la fête des Huttes ou des Tabernacles ( la fête de la Récolte ) dans le temple de Jérusalem, avant la destruction de la ville sainte. Pour ces Juifs, cette fête était la plus joyeuse de toute l'année. Cette année de 539 allait-elle être marquée à la même époque d'un évènement qui, lui aussi, serait une grande source de joie pour les exilés juifs*?


Cette nuit-là, le roi Belschatsar organise dans son palais un festin qui marque, non pas le souvenir d'une fête religieuse d'un peuple captif, mais un évènement important pour les Babyloniens.
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LA CHUTE DE BABYLONE



  * la date donnée dans ce paragraphe est celle avancée par R. P. Dougherty dans son ouvrage Nabonidus and Belshazzar ( pages 170, 171 ), qui présente des données selon le célèbre Chronique de Nabonide sur la chute de Babylone. D'après le livre Darius the Mede de J. C. Whitcomb ( page 70, § 4, premières lignes de la page 22, et page 17, §§ 1-4), la nuit du 16 tisri ( ou éthanim ) correspond à celle du 11 au 12 octobre du calendrier Julien, ou à celle du 5 au 6 octobre du calendrier Grégorien, que nous employons de nos jours. Voir aussi Babylonian Chronology 626 B.C. - A. D. 75 de Parker et Dubberstein, édition de 1956, page 14,§ 1, sous le titre "Cyrus".


Que lui importe que les armées de Cyrus soient devant les murailles de la ville ! Les Babyloniens se sentent en parfaite sécurité, car ils sont persuadés que , grâce à son système de hautes murailles, Babylone pourrait résister à un siège pendant plus de vingt ans. Et les quais de l'Euphrate, lequel partage la ville en deux, ne sont-ils pas flanqués de murs percés de portes de cuivres ? Les Babyloniens se croient tellement à l'abri que le roi Belschatsar a jugé bon de donner un grand festin, bien que son père Nabonide ne soit pas présent dans la ville.


Ah ! mais l'agresseur perse Cyrus, qui a déployé devant la ville une partie importante de son armée et l'a placée sous les ordres de son commandant en chef, attend justement la venue de cette nuit-là ! Dans la ville, un vieil homme est soudain convoqué devant le roi. Plus tard, il racontera comme suit ce qu'il a vu se passer pendant cette nuit mémorable :
                                                                                         " Le roi Belschatsar fit un grand festin à mille de ses grands, et but du vin devant les mille. Belschatsar, comme il buvait le vin, commanda d'apporter les vases d'or et d'argent que son [grand-] père Nébucadnetsar avait tirés du temple qui était à Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y burent. Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d'or et d'argent, d'airain, de fer, de bois, et de pierre." - Daniel 5: 1-4, Da.


Il s'agit là d'un geste accompli de propos délibéré pour couvrir d'opprobre le Dieu dont le nom est Jéhovah, le Dieu des déportés Juifs. Pour Belschatsar, roi mystique, les dieux de Babylone se sont révélés plus puissants que cette divinité juive. Voilà soixante-dix ans, son grand-père Nébucadnetsar n'a-t-il pas détruit la ville sainte de Jérusalem et son temple, en emportant les vases sacrés de cette maison de Jéhovah pour les mettre dans la maison du dieu principal de Babylone Esdras 1 : 1-5 ; Daniel 1 : 1, 2 ? Probablement le roi Belschatsar se souvient qu'avant même que Nébucadnetsar ait anéanti Jérusalem et son temple, les prophètes de Jéhovah avaient annoncé la chute soudaine de Babylone. Mais Belschatsar ne craint pas l'accomplissement de ces prophéties, car il a confiance dans les dieux de la Babylonie, ces dieux qui, selon toute apparence, ont prouvé qu'ils sont plus forts que Jéhovah, l'inspirateur de ces prédictions pessimistes.


 Que l'on mette donc au défi ce Dieu Jéhovah ! Que la fête continue ! Que tous les convives louent les dieux de la Babylonie représentés par des images d'or, d'argent, de cuivre, de fer, de bois et de pierre ! Ha, ha! Que ce Dieu des Juifs tire vengeance de la destruction de son temple à Jérusalem, s'il en est capable ! Quant à nous, Babyloniens, buvons à longs traits dans les vases de son temple !
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