" Et les prémices de son royaume finirent par être Babel." C'est par ces paroles, qui se trouvent au dixième verset du chapitre 10 du premier livre de la Bible, que le saint Livre mentionne pour la première fois Babylone, et parle pour la première fois d'un royaume genèse (10:10, NW). Babylone et Babel sont identiques, car lorsque, il y a plus de deux mille ans, certains Juifs d'expression grecque résidant à Alexandrie, en Egypte, firent la première traduction écrite de leurs saintes Écritures hébraïques dans une langues étrangère (le grec), ils rendirent le nom hébreu Babel par Babylone. Le traducteur qui produisit la Vulgate latine employa, lui aussi, le mot Babylone. Le passage cité plus haut est rendu comme suit dans la traduction catholique moderne publiée sous la direction du cardinal Liénart : " Sa domination s'étendit au début sur Babylone." La traduction protestante dite version synodale rend ainsi cette phrase: " Il établit d'abord son empire à Babylone." Babylone fut donc le siège du premier royaume établi sur la terre après le déluge, et la capitale du premier empire fondé par l'homme. Mais fut-il fondé dans l'intérêt de toute l'humanité ? Le grand Créateur de l'homme répond à cette question dans son livre, la Bible
A qui appartenait le royaume dont le siège du gouvernement se trouvait à Babel ou Babylone ? Qui fonda cette ville ? Comment et pourquoi fut-elle fondée, et d'où vient son nom ? La réponse exacte à ces questions n'est donnée dans aucun ancien livre d'histoire écrit par l'homme; elle est fournie par la Bible. Ce livre nous présente Babylone; bien plus, il annonce la chute certaine de cette ville et la fin de son influence dans le monde. Le premier roi de l'antique Babylone fut un arrière-petit-fils de Noé, le constructeur de l'immense arche qui l'abrita, lui et sept autres âmes humaines, lors du déluge qui ravagea la terre tout entière, il y a quatre mille trois cents ans. Cet arrière-peti-fils de Noé s'appelait Nimrod.
A propos de cet homme célèbre de l'Antiquité, la Bible de Crampon ( édition de 1905 ) nous relate les faits suivants : " Voici la postérité des fils de Noé, Sem, Cham et Japheth. il leur naquit des fils après le déluge. (...) Fils de Cham : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan. (...) Chus engendra Nemrod : celui-ci fut le premier un homme puissant sur la terre. Ce fut un vaillant chasseur devant Jéhovah; c'est pourquoi l'on dit : ' Comme Nemrod, vaillant chasseur devant Jéhovah.' Le commencement de son empire fut Babel, Arach, Achad et Chalanné au pays de Sennaar. De ce pays il alla en Assur, et bâtit Ninive, Rechoboth-Ir, Chalé, et Résen entre Ninive et Chalé; c'est la grande ville." - Genèse 10:1-12, AC.
Aujourd'hui encore, ceux qui connaissent l'histoire biblique donnent aux grands chasseurs le surnom de Nemrod ou plus exactement de Nimrod. Le sens profond du dicton " Comme Nimrod, vaillant chasseur devant Jéhovah", a donné matière à discussion. Dans quel sens Nimrod fut-il chasseur, et était-il reconnu et approuvé par Jéhovah ou agissait-il en bravant ce dernier ? Et que signifient les mots " devant Jéhovah"?
Dans sa traduction de l'Ancien Testament en anglais, le prélat catholique Monseigneur Ronald A.Knox prête à ces termes une idée de faveur, les rendant comme suit : " Chus fut aussi le père de Nemrod, qui fut le premier grand guerrier; hardi aussi à la chasse, par la grâce de Dieu*, d'où le proverbe : Par la grâce de Dieu, chasseur hardi comme Nimrod. Le commencement de son empire fut Babylone", etc.
A propos de cette divergence d'interprétations, l'Encyclopédie britanique, onzième édition, tome XIX, page 703, déclare sous Nimrod : " Diverses explications ont été avancées de l'expression ' puissant chasseur devant Yahweh':' un chasseur divinement grand' ( Spurrell ); ' un chasseur au mépris de Yahweh' ( Holzinger ) ;' un chasseur avec l'aide de Yahweh' ou ' d'une divinité dont le nom a été remplacé par Yahweh' ( Gunkel, Genesis, page 82 )." Yahweh est une façon, parmi bien d'autres, de prononcer les consonnes du nom de Celui qui est désigné dans la Bible de Crampon ( édition de 1905) sous le nom de Jéhovah.
L'Encyclopédie juive (angl.), édition de 1909, tome IX, page 309, révèle que dans les écrits rabbiniques, Nimrod " est l'archétype d'un peuple rebelle, puisqu'on a interprété son nom comme voulant dire ' celui qui incita tous les hommes à se rebeller contre Dieu'".
Dans son ouvrage intitulé " Le livre des commencements" ( The Book of Beginnings), Alexander Marlowe rend Genèse 10:8-10 comme suit : " Et Cush engendra Nimrod; il commença à être un tyran puissant dans le pays. Il fut un asservisseur terrible, provocant devant la face de Jéhovah; c'est pourquoi l'on dit : Comme Nimrod, le chasseur géant, présomptueux à la place de Jéhovah. Et les sièges primitifs de son empire furent Babylone, et Erec, et Acad et Kalneh au pays de Shinar*;"
liphnei. |
Dans l'expression " devant Jéhovah ", le mot devant traduit la préposition hébraïque liphnei. Sur cette importante préposition, l'Encyclopédie biblique de M'Clintock et Strong ( angl.), édition de 1894, tome VII, page 109, fournit l'explication que voici : Comme [ le lexcographe] Gesenius l'admet, la préposition exprime souvent une idée d'hostilité, - en face de , dans le dessein de s'opposer à ( Nombres 16:2; I Chroniques 14: 8; II Chroniques 14:10); et la Septante lui donne un tel sens dans le verset en question - Evavriov Kuqiov - " contre le Seigneur". Les targums [juifs] et [l'historien] Josèphe donnent à la préposition ce sens hostile. Le contexte nous fait pencher pour cette acception. De sa relation étroite avec la construction de huit villes, il apparaît que cette chasse puissante n'était pas limitée à celle des animaux.(...) Les exploits du Nimrod chasseur ne faisaient qu'annoncer les réalisations du conquérant. Car dans les temps anciens, chasse et héroïsme étaient liés de façon particulière et comme par nature. Les monuments assyriens offrent également la représentation de nombreux exploits de chasse, et ce terme est employé souvent pour désigner les campagnes militaires. (...) On peut donc en déduire que Nimrod fut le premier à fonder un royaume après le déluge et à réunir les fragments du système patriarcal sous sa propre autorité, en tant que chef et maître unique; et tout ceci en bravant Jéhovah, car son action constituait une intrusion violente de la puissance chamitique dans un territoire sémique.
En effet, Nimrod était un descendant de Cham et non de Sem. - Genèse 10:6-8.
En harmonie avec cette intelligence du sujet, la " Traduction du monde nouveau" ( New World Translation of the Holy Scriptures), édition de 1961, traduit Genèse 10:8-10 comme suit: " Et Cush devint père de Nimrod. Il fut le premier à devenir un puissant sur la terre. Il se montra puissant chasseur en opposition avec Jéhovah. C'est pourquoi il y a un dicton : ' Comme Nimrod, puissant chasseur en en opposition avec Jéhovah.' Et les prémices de son royaume finirent par être Babel et Erech et Accad et Calnéh, au pays de Schinéar."
_______
* Dans une note en bas de page, Mgr Knox précise : "' Par la grâce de Dieu'; littéralement ' en présence de Dieu', phrase dont le sens exact est douteux."
_______
* Citation tirée de l'édition de 1938, publiée par la WM.b. Eerdmans Publishing Co, Grand Rapids, Michigan, U.S.A.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire