vendredi 14 juin 2013

BABYLONE LA GRANDE ET LA SION CÉLESTE Révélation 14:8

EXISTE-T-IL UNE "TROISIÈME ROME"?


Au dixième siècle, alors que le schisme s'accentuait entre l'Eglise grecque et l'Eglise latine, on posa les fondements d'une nouvelle et puissante organisation religieuse de la chrétienté moderne. Au siècle précédent, le patriarche de Constantinople avait envoyé des missionnaires en Russie. En 955, une Russe éminente, la princesse Olga, épouse du grand-prince Igor, reçut à Constantinople le baptême de l'Eglise d'Orient. Son petit-fils, Vladimir le Grand, qui força l'empereur Basile II de Constantinople à lui donner sa sœur Anne en mariage, passa lui aussi, en 988, à l'Eglise d'Orient en se faisant baptiser. Ensuite, il fit jeter dans le Dniepr les images idolâtriques de Perun et d'autres divinités. Le peuple en pleura, mais accepta de recevoir le baptême chrétien à la demande de Vladimir. Toutefois, jusqu'à quel point cette conversion forcée était-elle valable ?

L'Encyclopédie américaine (édition de 1929, tome XXIV, page 37) répond :
Le fils de Vladimir acheva presque la conversion forcée des Russes, lesquels demeurèrent en étroits rapports avec le patriarche de Constantinople. La ville de Kiev fut érigée en évêché métropolitain et nommée la "Seconde Constantinople". A un moment donné, un évêque métropolitain fut aussi installé à Moscou.

Constantinople, le siège du patriarche, étant tombée aux mains des musulmans en 1453, la Russie ne tarda pas à en subir le contrecoup sur le plan religieux. Aussi peut-on lire dans le Grand Larousse encyclopédie (édition de 1964, tome IX, page 454b: "Lorsque les Ottomans prennent Constantinople (1453), la théorie de la 'troisième Rome' apparaît en Russie : après Rome et Constantinople, Moscou est appelé à devenir la capitale (...) de la chrétienté." - Cf. l'Encyclopédie américaine, tome XXIV, page 38b.

Toutefois, l'établissement définitif d'une église Russe indépendante ne se fit qu'en 1587. La Cyclopoedia de M'Clintock et Strong dit à ce sujet :
[Remarquez que c'est le pape de Rome qui passe pour "schismatique".]
L'Eglise russe subit des changements, mais le plus remarquable fut celui introduit par Pierre le Grand, devenu seul empereur de Russie en 1696. Il abolit le patriarcat et le remplaça par un synode permanent ou réunion de prélats que présidait l'empereur ou son secrétaire. Ce Saint-Synode, institué en 1721, fut solennellement ouvert par un discours que prononça son vice-président, l'archevêque Théophane. Pierre le Grand soumit ainsi l'Eglise russe au contrôle de l'Etat. Celle-ci devint une Eglise nationale, un ministère dépendant de la bureaucratie civile de l'Empire russe. Elle n'était plus qu'un instrument aux mains de l'administration, chargée de soutenir le tsarisme.

En 1917, le régime tsariste fut renversé en Russie, et l'Eglise russe retrouva le droit de régler elle-même ses affaires. En septembre-octobre de la même année, les évêques, les prêtres et d'autres hommes réunirent un concile général à Moscou pour discuter de la situation religieuse nouvelle. Ils arrivèrent à la conclusion que, maintenant que l'autocratie politique  russe avait disparu, il fallait à l'Eglise russe un chef religieux visible. Le rétablissement du patriarcat de Moscou fut approuvé à la grande majorité des voix, et un patriarche fut élu en la personne du métropolite Tikhon, évêque libéral.

En novembre 1917, après que les bolcheviques se furent emparés du pouvoir par une seconde révolution, ceux-ci décrétèrent que l'Eglise russe ne serait plus Eglise d'Etat. Ils procédèrent à la confiscation de certaines propriétés de l'Eglise, et les prêtres de tous rangs et de toutes tendances furent molestés et insultés. On proclama partout : "La religion c'est l'opium du peuple." le 14 mars 1918, le nouveau gouvernement soviétique quitta Leningrad pour Moscou, dont il fit le centre et la capitale de la Russie nouvelle. Depuis l'époque de Pierre le Grand, Moscou était passé au rang de seconde capitale de l'ancien Empire russe.

L'Etat athée a officiellement cherché à extirper la religion en Russie, mais cette tentative s'est avérée trop coûteuse. S’accommodant de cette dure réalité, le gouvernement soviétique se sert de l'Eglise russe à des fins politiques en obligeant celle-ci à inculquer le patriotisme à ses ouailles. L'Eglise orthodoxe russe se prête à cet arrangement, car tout au long de son histoire, elle s'est toujours rangée du côté du bras séculier de l'Etat. Un journaliste et auteur connu, spécialiste des questions politiques, souligne que le gouvernement soviétique veille à magnifier le prestige de l'Eglise russe dans le pays, afin que celle-ci puisse jouer dans le monde le rôle d'une grande puissance ecclésiastique, ce dont le gouvernement soviétique serait en fin de compte le principal bénéficiaire*.

En 1945, l'Eglise orthodoxe russe tint un concile dans des faubourgs de Moscou, avec tout l'apparat ecclésiastique. Chose naturelle, les chefs de l'Eglise étaient remplis de fierté et d'espoir quant à un meilleur avenir de leur organisation religieuse, et on évoqua des idées messianiques que les Russes nourrissent depuis des siècles. Ainsi, le Métropolite Benjamin, alors exarque du patriarcat de Moscou pour l'Amérique du Nord, déclara par exemple que Moscou, capitale de la Russie, pouvait devenir la "Troisième Rome" et que, à l'avenir, cette ville serait certainement le lieu de rencontre de "l'Eglise tout entière". Il poursuivit en disant que Moscou deviendrait peut-être le siège d'un organe central consultatif pour le ralliement de toutes les Eglises orthodoxes du monde entier. Les milieux soviétiques officiels sympathisèrent avec de telles idées, car ils étaient prêts à favoriser l'impérialisme de l'Eglise orthodoxe russe si cela devait permettre à Moscou, leur capitale politique, de devenir du coup le plus important centre ecclésiastique du monde.

Ils apportèrent donc au patriarche Alexis de Moscou l'appui et les encouragements nécessaires, afin de lui permettre d'élargir ses contacts avec l'étranger, fournissant ainsi la base sur laquelle il pouvait réclamer pour lui-même et pour l'Eglise orthodoxe russe une place dirigeante dans le monde religieux. Alexis avait été élu patriarche en février de la même année. C'est dans cet esprit que l'Eglise russe demanda officiellement son admission au sein du Conseil œcuménique des Eglises. 
Celui-ci tint sa troisième Assemblée à la Nouvelle-Delhi (Inde) du 18 novembre au 6 décembre 1961, à laquelle assistèrent 265 délégués officiels venus de 175 Eglises membres et de plus de 50 pays. A cette occasion, vingt-trois nouvelles Eglises furent admises comme membres dans le Conseil œcuménique, à savoir: les Eglises orthodoxes de Russie, de Pologne, de Bulgarie et de Roumanie, ainsi que dix-neuf Eglises des Etats-Unis, d'Amérique, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Ces nouvelles adhésions portèrent à 198 le nombre des Eglises membres du Conseil œcuménique, représentant ainsi plus de 60 pays.
Désireux d'affirmer plus nettement le caractère trinitaire de sa Base, ou condition pour l'admission au sein du Conseil œcuménique, le Comité central de celui-ci recommanda à l'Assemblée précitée de voter certaines modifications. "Le Conseil œcuménique des Eglises est une association fraternelle d'Eglises qui acceptent notre Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur." Telle était la Base pour devenir membre. Or, elle fut modifiée et complétée ainsi : "Le Conseil œcuménique des Eglises est une association fraternelle d'Eglises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures et s'efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit." - Voir " Evanston - Nouvelle-Delhi, 1954-1961", pages 226-228, rapport publié par le Conseil œcuménique des Eglises , Genèse 1961 ; The Americana Annual 1962, pages XXXVI, 642.

Chose intéressante à noter , l'Eglise orthodoxe russe accepta l'invitation qui lui était faite d'envoyer des délégués au deuxième concile œcuménique du Vatican. Tandis que les Eglises orthodoxes grecques refusèrent d'y envoyer des observateurs délégués, deux représentants de l'Eglise russe arrivèrent d'Union soviétique pour l'ouverture du concile, le 11 octobre 1962. On apprit que l'Eglise russe n'avait pas avisé le patriarche Athênagoras d'Istanbul (Constantinople) des intentions russes, quoique le patriarche de cette ville passe encore pour le chef spirituel de la religion orthodoxe orientale.

Dans le monde actuel, on dénombre plus d'une vingtaine d'Eglises orthodoxes orientales à la suite du schisme survenu en 1054. Or, aucune d'elles ne reconnaît la primauté du pape romain ni son infaillibilité, proclamée par le premier concile du Vatican (1869-1870. Pourquoi l'Eglise russe envoya-t-elle des délégués au deuxième concile du Vatican? Parce que le Vatican, dans l'intention de créer des divisions parmi l'orthodoxie orientale, avait envoyé ses invitations, non par l'intermédiaire du patriarche d'Istanbul (Constantinople), mais directement à chacune des Eglises orientales. Et c'est ce qui a fait dire à l'archevêque Iakovos, primat orthodoxe grec d'Amérique, les paroles suivantes rapportées par le New York Times :
Au cours du deuxième concile du Vatican, un schéma fut élaboré sur l'unité de l'Eglise. Ce document faisait état des Eglises orthodoxes orientales, mais ignora le protestantisme. Selon le New York Times , de nombreux orateurs, parlant devant le concile au sujet de ce schéma, firent remarquer que
En 1910, soit sept ans avant la révolution bolchevique, l'Eglise russe comptait dans tout le pays 73 millions de membres. Or, voyons ce que l'Annuaire de l'Encyclopédie américaine pour 1963 (page 692b) rapporte sous la rubrique "Religion":
Le Vatican est sans doute contrarié par l'idée que Moscou pourrait devenir une "Troisième Rome", d'autant plus que l'Italie catholique compte le parti communiste le plus important d'Europe occidentale en deçà du rideau de fer*.
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