jeudi 1 novembre 2012

DEUX ANNÉES PLUS TARD

Après deux courtes années de règne, 

Evil-Mérodac fut assassiné par son beau-frère Nériglissar. Au dire des inscriptions retrouvées,  l'usurpateur régna quatre ans, dont la plus grande partie fut consacrée à des travaux de construction. Après sa mort, son fils Labashi-Mardouk, encore mineur, lui succéda. Au bout de neuf mois, cet enfant vicieux mourut la gorge tranchée. Nabonide, ancien gouverneur de Babylone et gendre favori de Nébucadnetsar, monta alors sur le trône et eut un règne assez glorieux, jusqu'à la chute de Babylone en 539. Ami des lettres, des arts et de la religion, Nabonide était, paraît-il, fils d'une prêtresse de la lune qui officiait à Haran (Charan), ce qui l'aurait rendu cher à Nébucadnetsar.

Au sujet de Nabonide, l'Encyclopédie américaine ( tome II, page 441) déclare 

            Cet homme était passionné de religion et d'archéologie. Il bâtit et releva de nombreux temples dans les principales villes du royaume. Cet enthousiasme poussa Nabonide à aller trop loin, car il tenta de centraliser à Babylone  la religion du royaume, ce qui lui aliéna la prêtrise et jeta celle-ci dans une opposition active. En effet, pendant toute l'histoire de la Babylonie, chaque ville avait son dieu patron auquel étaient voués le temple et le peuple. Nabonide rassembla à Babylone les images et les sanctuaires de ces différentes divinités. Cette décision et d'autres offenses qu'il commit contre les prêtres préparèrent sa chute devant une puissance plus forte.
 
Attestant que les Babyloniens étaient très attachés à la religion, G. R. Tabouis écrit dans son livre Nabuchodonosor page 376 :

          A côté de leur dépravation, les Babyloniens étaient le peuple le plus religieux de l'antiquité, leur morale et leur liturgie comptent parmi les plus belles. Car, bien que cela nous surprenne fort, les Babyloniens n'avaient pas une morale indépendante de leur religion, de même que la religion les obligeait à des devoirs envers les autres. - P. Dhorme, La religion assyro-babylonienne, p.220 et suiv.

        Pour une raison que nous ignorons, le mystique Nabonide décida de ne pas régner à Babylone, lui préférant l'oasis de Théma, en Arabie  qui devint la seconde capitale de la Babylonie. Il laissa à sa femme Nictocris et à son fils Belschatsar le soin d’exercer le pouvoir à Babylone, la vraie capitale*. Les Babyloniens demandaient à ceux qui exerçaient sur eux le pouvoir souverain de leur montrer l'exemple dans la vénération des dieux. Aussi Belschatsar, fils du roi, pourvut-il aux besoins de leurs sanctuaires par des offrandes en or, en argent et en animaux sacrificiels. Ce fait est attesté par six textes en écriture cunéiforme relatant des évènements qui se produisirent entre la cinquième et la treizième année du règne de son père Nabonide. On sait même que Belschatsar payait la dîme au culte babylonien. L'intérêt qu'il portait aux divinités de sa nation est donc incontestable. Sa dévotion à leur égard est confirmée par les inscriptions cunéiformes, et son souci d'entretenir les lieux de culte en Babylonie peut être considéré comme un fait authentique*.

       Grâce à l'archéologie, on sait que le fils aîné du roi de Babylone pouvait se voir confier certaines responsabilités politiques avant la fin du règne de son père.
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  *  Cf. Nabonidus and Belshazzar de Dougherty, chapitre xi, intitulé " Conjectures sur les raisons du séjour de Nabonide à Théma"; aussi Nabuchodonosor de Tabouis, page 388, note 2.
  *   Cf. Nabonidus and Belshazzar de Dougherty, chapitre viii, intitulé " La dévotion de Belschatsar envers les divinités babyloniennes".

       Ainsi, un prince héritier pouvait être élevé au rang de vice-roi par son père alors que celui-ci régnait encore. On a découvert des tablettes cunéiformes qui prouvent que Belshatsar promulgua des décrets et des ordonnances. Lorsque son père s'absentait de Babylone pour se rendre à Théma, bien au sud, il ne renonçait pas à la royauté. Il était toujours le premier souverain de la Babylonie, mais durant son absence, Belshatsar, le prince héritier, gouvernait à sa place dans la capitale et remplissait ainsi les fonctions de second souverain du pays. La troisième du règne de Nabonide, celui-ci, toujours absent, confia le sharûtam (royaume, royauté) à Belshatsar. Vraisemblablement c'est à cette année-là que le passage de Daniel 7 : 1 fait allusion. Ce verset qualifie Belshatsar de " roi de Babylone", et déclare : " La première année de Belshatsar, roi de Babylone, Daniel eut un songe et des visions de son esprit, pendant qu'il était sur sa couche.Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses."

            Dans ce songe prophétique, Daniel vit la succession des puissances mondiales, depuis celle de Babylone jusqu'à l'établissement du Royaume de Dieu. Il vit l'Ancien des jours, le Roi des cieux, exécuter ses jugements sur chacune de ces puissances mondiales, figurées dans la vision par quatre bêtes sauvages. Daniel écrivit : " Je voyais dans les visions de la nuit, et voici, quelqu'un comme un fils d'homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu'à l'Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et on lui donna la domination, et l'honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit."
         Des adjoints devaient être associés à ce " fils d'homme" dans le royaume. Aussi, dans l'interprétation du songe, Daniel apprend-il que " les saints des lieux très-hauts [Dh: du Très-Haut] recevront le royaume, et posséderont le royaume à jamais, et aux siècles des siècles". Après avoir été informé de la destruction de la dernière de ces grandes puissances bestiales, Daniel reçoit cette explication complémentaire : " Et le royaume, et la domination, et la grandeur des royaumes sous tous les cieux, seront donnés au peuple des saints des lieux très-hauts [ Dh: du Très-Haut]. Son royaume est un royaume éternel, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront." -  Daniel 7 : 2 - 27, Da.

          Dans le songe du prophète, la première bête, qui était comme un lion et avait des ailes d'aigle, symbolisait l'Empire Babylonien et sa dynastie de rois, de Nébucadnetsar  à Belshatsar . La deuxième bête, semblable à un ours dressé sur un côté à qui on avait dit : " Lève-toi mange beaucoup de chair", représentait l'Empire médo-perse et sa lignée de souverains, de Darius le Mède et Cyrus le Perse jusqu'à Darius III le Perse*.

            Selon Daniel 8 : 1, " la troisième année du règne du roi Belshatsar", le prophète eut une nouvelle vision prophétique. Daniel vit venir de l'occident un bouc qui avait entre les yeux une corne " de grande apparence", et ce bouc renversa et foula aux pieds le bélier à deux cornes.

             L'ange Gabriel donna à Daniel l'explication suivante : " Le bélier que tu as vu, qui avait deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse. Et le bouc velu, c'est le roi de Grèce ; et la grande corne qui était entre ses yeux, c'est le premier roi [Alexandre le Grand]."

             Par cette vision, Dieu annonça que l'Empire médo-perse, la Quatrième Puissance mondiale, tomberait devant la Cinquième Puissance mondiale, l'Empire grec ou macédonien*. - Daniel 8 : 2 - 22, Da.
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