L'exil et la captivité à Babylone même d'un petit nombre de Juifs ne commencèrent donc pas en 625 av. notre ère, à la fin de la troisième année du gouvernement indépendant du roi Jojakim à Jérusalem. De même, la période de soixante-dix ans prédite par le prophète Jérémie n'eut pas son point de départ en cette année de 625.
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* En accord avec cette explication, dans ses Antiquités judaïques, livre X. chapitre VI ( traduction de Julien Weill ), Flavius Josèphe écrit entre autres: " Dans la quatrième année de son règne [ celui de Jojakim ], le pouvoir en Babylone passa à un certain Nabuchodonosor ( Nabouchodonosoros ), qui, dans le même temps, monta en grand appareil vers la ville de Carchémis ( Karchamissa ), située sur l’Euphrate, dans l'intention de lutter contre Nachao, roi des Égyptiens, lequel dominait toute la Syrie. (...) Puis, dans la quatrième année du règne de Nabuchodonosor, qui était la huitième de Joakim, roi des Hébreux, le Babylonien marcha avec de grandes forces contre les Juifs, exigeant des tributs de Joakim sous menace de guerre. Celui-ci, effrayé de cette menace, acheta la paix à prix d'argent et lui paya les tributs imposés, durant trois ans.
" La troisième année, ayant appris que les Égyptiens partaient en campagne contre le Babylonien, il lui refusa le tribut, mais il fut trompé dans son espoir, car les Égyptiens n'osèrent pas effectuer leur expédition. (...)
" Peu de temps après, le roi des Babyloniens ayant fait campagne contre lui, Joakim le reçoit (...). Mais le Babylonien, (...) établit le fils de celui-ci, [ Jojakin ] (...), comme roi du pays et de la ville. Quant aux principaux du peuple au nombre de trois mille, il les retint prisonniers et les emmena à Babylone; parmi eux se trouvait aussi le prophète Ézéchiel, encore enfant. Telle fut la fin du roi Joakim, qui avait vécu trente-six ans et régné onze ans. Son successeur au trône, [ Jojakin ] (...), régna trois mois et dix jours."
Ce n'est certainement pas en en cette année-là que le pays de Juda fut retourné comme un plat et vidé de tous ses habitants. Même huit ans plus tard, en 617, quand le jeune roi Jojakin fut emmené en exil à Babylone, seul un faible pourcentage des habitants furent déporté avec lui. L'immense majorité du peuple resta sur place, de sorte que Jérusalem et les autres villes de Juda étaient toujours habitées, et le pays était loin d'être désolé et privé d'habitants.
Tous les habitants de Juda ne servaient pas alors le roi de Babylone dans sa capitale*.
Les chronologistes de la chrétienté, ayant commis l'erreur de faire commencer les soixante-dix années de désolation de Jérusalem et du pays de Juda après la troisième année du règne de Jojakim à Jérusalem, décalent d'au moins dix-neuf ans la chronologie et l'histoire et ce faisant ils raccourcissent le cours du temps de ce même nombre d'années. Ils essaient, en effet, de faire concorder le récit biblique avec le canon astronomique de Claude Ptolémée, astronome dudeuxième siècle de notre ère, qui vécut à Alexandrie en Egypte, mais dont le système astronomique a depuis longtemps été abandonné.
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