Nimrod, petit-fils de Cham et premier roi de la Babylone antique, ne se révéla pas être la Postérité, promise dans le jardin d'Eden, qui devait meurtrir la tête du grand Serpent ( Genèse 3 :15, NW ). Nimrod fut le roi de Confusion, car tel est le nom que Jéhovah Dieu donna à la capitale de cet homme, et le patriarche Noé l'appela ainsi également. Dans les lignées familiales retracées au chapitre dix du premier livre de la Bible, le roi Nimrod est laissé sans descendance, - fait sans importance, puisque la Postérité promise de la femme de Dieu ne devait pas descendre de lui. Celui qui devait meurtrir la tête du Serpent ne serait pas appelé Fils de Nimrod ( Genèse 10 : 8-12; I Chroniques 1 : 10). Par contre, l'une des lignées issues de Noé, celle qui passe par Sem et par l'un des cinq fils de ce dernier, se continue de génération en génération, à travers les livres de la Bible, jusqu'au début de notre ère vulgaire dite chrétienne. Ici la lignée prend fin avec la venue de la vraie Postérité de la femme de Dieu. Cette Postérité véritable se révéla être le Fils de Jéhovah Dieu. D'après le tableau généalogique tracé dans Genèse 11: 10-24, les huit générations qui suivirent le chef de famille Sem, nous amènent à Térach, que le récit biblique nous présente comme habitant la ville d'Ur des Chaldéens. La Bible ne dit pas que Nimrod construisit Ur, mais celle-ci était manifestement une cité ancienne, située au sud de la Babylonie, dans la région que les historiens appellent Sumer. En fait, Ur était la capitale de Sumer. Les Sumériens possédaient de nombreux dieux qui étaient honorés et adorés d'un bout à l'autre du pays. Chaque ville possédait cependant son propre dieu qu'elle considérait comme un protecteur. Tout comme Mardouk (Mérodac ) finit par devenir le dieu de la ville de Babylone, de même que Sin était la divinité préférée des habitants de Ur des Chaldéens. En tant que dieu-lune, Sin en vint à occuper une position prédominante dans la religion d'Ur des Chaldéens, car les Babyloniens accordaient plus d'importance à la lune qu'au soleil. En effet, l'année babylonienne était une année lunaire, et de ce fait la lune jouait un rôle très important dans le calendrier. Dans la ville d'Ur, le temple principal était donc dédié au dieu-lune Sin, considéré comme son propriétaire. En temps de paix, Sin était le seigneur invisible du pays, le gouverneur de la ville et de son territoire, et en temps de guerre, il était le chef de l'armée. A Ur, Sin était le dieu suprême. Naturellement, chaque dieu possédait ses prêtres. A ce propos, il est intéressant de lire ce que Leonard Woolley écrit dans son livre les Sumériens ( édition française de 1930, pages 132, 133), savoir : Pour étudier la prêtrise, nous devons nous rappeler que l'Etat sumérien était essentiellement théocratique. Le dieu de la cité était en réalité son roi; le souverain humain, patési ( gouverneur ) ou roi, était simplement son représentant - le " fermier " du dieu. Les emplois civils et ecclésiastiques n'étaient pas nettement séparés. Le roi ou gouverneur était lui-même prêtre; en fait, dans le cas du patési, l'aspect religieux était le plus ancien, et dans les premiers âges, le plus important (...). Par la déification des rois sumériens, la théorie qu'ils gouvernaient au nom du dieu était amenée à sa conclusion logique. Inversement le grand-prêtre des grands temples était un personnage d'une importance politique considérable, et était souvent choisi dans la maison royal. L'Eglise et l'Etat étaient mêlés si inextricablement que, tandis que l'Etat doit être considéré comme une théocratie, l'Eglise doit, en partie du moins, être envisagée comme une institution politique et la religion d'Etat comme un instrument politique. Il serait intéressant de comparer Sumer et Akkad sous la Troisième Dynastie d'Ur avec l'Empire romain du III siècle, à l'époque où le culte d'Etat des dieux de Rome et du genius d'Auguste [César] et de la ville était une profession de loyauté politique vide de contenu religieux, et où les hommes, s'ils étaient croyants, le montraient par leur culte envers d'autres dieux. Tant qu'il habitait à Ur des Chaldéens, Térach le Sémite était à coup sûr en contact avec les pratiques idolâtres et la débauche qu'elles engendrent. Il est possible que Térach ait participé à cette idolâtrie, car plus tard Josué adressera ces paroles aux Israëlites : " Vos pères, Tharé [Térach], père d'Abraham et de Nachor, habitaient à l'origine de l'autre côté du fleuve [l'Euphrate], et ils servaient d'autres dieux. (...) Otez les dieux qu'ont servis vos pères de l'autre côté du fleuve et en Egypte, et servez Jéhovah." ( Josué 24 : 2, 14, AC). Une tradition juive veut que Térach ait même été un fabricant d'idoles, dont quelques-unes auraient été brisées par son illustre fils Abraham. Selon Genèse 11 : 26, Térach eut un premier fils à l'âge de soixante-dix ans, mais ce ne fut pas Abraham ou Abram. Celui-ci est mentionné le premier parce qu'il devint le plus illustre des fils de Térach. Ce dernier avait 130 ans lorsque Abraham naquit, en 2018 v. notre ère. Abraham était donc âgé de soixante-quinze ans à la mort de son père, qui mourut non à Ur des Chaldéens mais au nord-ouest de cette cité, en Haute Mésopotamie. Qu'est-ce qui explique ce déplacement ? En dépit des croyances religieuse de son père, Abraham témoigna sa foi au Dieu de Sem. Ce dernier était toujours en vie, puisqu'il vécut encore 502 années après le déluge. Aussi le Dieu de Sem reconnut-il Abraham ( ou, dans les premiers temps, Abram). De quelle façon ? La réponse nous est donnée dans Genèse 12 : 1-3 (NW), en ces termes : " Alors Jéhovah dit à Abram : ' Va-t'en de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père vers le pays que je te montrerai ; et je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom; et montre-toi une bénédiction. Et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai celui qui appellera le mal sur toi, et par ton moyen se béniront, à coup sûr, toutes les familles du sol.'" Où Abraham se trouvait-il lorsque Dieu lui adressa ces paroles ? A Haran ? Non, Abraham vivait encore à Ur des Chaldéens, avec Térach. Cette question fut tranchée par un martyr chrétien nommé Etienne. Alors qu'il témoignait devant la Cour suprême des Juifs à Jérusalem, où il ne devait dire que la vérité, Etienne affirma à ses juges : " Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham alors qu'il était en Mésopotamie, avant qu'il s'établît à Haran, et il lui dit : ' Sors de ton pays et de ta parenté et viens dans le pays que je te montrerai.' Il sortit alors du pays des Chaldéens et s'établit à Haran. Et de là, après que son père fut mort, Dieu le fit résider dans ce pays où vous demeurez maintenant." ( Actes 7 : 2-4 ). Quant à l'âge d'Abraham à son départ de Haran, après la mort de son père, Genèse 12 : 4 nous fournit ce renseignement : " Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu'il sortit de Charan*." Abraham écouta l'appel de Jéhovah lui demandant de quitter Ur, au sud du pays de Schinéar. Pour des raisons non spécifiées dans la Bible, son père Térach décida de l'accompagner. Térach étant cependant plus âgé et chef de la maison, le récit de la Genèse ( 11 : 31, 32, NW ) le présente comme prenant Abraham avec lui. " Après cela, Térach prit Abram, son fils, et Lot, fils de Haran, son petit-fils, et Saraï, sa belle-fille, femme d'Abram, son fils, et ils sortirent avec lui d'Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Par la suite, ils arrivèrent à Haran et se mirent à habiter là. Et les jours de Térach finirent par être de eux cent cinq ans. Puis Térach mourut à Haran." Haran, autre siège du culte du dieu-lune Sin, bâtie sur le Balikh, à une centaine de kilomètres au nord de l'endroit où cette rivière se jette dans l'Euphrate, état un centre commercial prospère situé sur une route de caravanes. A présent qu'Abraham était chef de la caravane d'émigrants en provenance de la Babylonie, il était libre de faire marche en direction du sud, vers le pays que Jéhovah Dieu avait promis de lui montrer. Il semble qu'Abraham, sans enfant à l'époque l'époque, adopta son neveu Lot, qui avait perdu son père.
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* Voir De la migration d'Abraham, 177, section 32, de Philon le Juif, un contemporain de Jésus-Christ et de l'apôtre Paul, qui présente les choses de la même façon qu'Etienne. Dans les traités de Philon intitulés Commentaires allégoriques sur la Genèse, édit. Mangey, voir le tome 1er, pages 436-472.
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