mardi 15 juin 2010

CROSSE


La CROSSE




Sait-on, demande un auteur estimé de nos jours, dans une communication privée qu'il m'a faite, sait-on que l'empereur de Chine, dans tous les temps, même aujourd'hui, comme grand prêtre de la nation, prie une fois par an pour tout le peuple et le bénit, vêtu de sa robe de prêtre et coiffé de sa mitre, la même, exactement la même, que celle que le pontife romain porte depuis douze cents ans? C'est cependant la vérité. A l'appui de cette assertion nous donnons ici l'image de la mitre impériale, qui est le fac-si mile même de la mitre épiscopale du pape vue de face.Le lecteur se rappelle que même dans le Japon, qui est encore plus éloigné de Babel que la Chine elle-même, on représente une des divinités par le même symbole de puissance qu'en Assyrie, c'est-à-dire avec les cornes d'un taureau, et on l'appelle" le prince du ciel à tête de bœuf." Puisqu'on trouve, trouve, au Japon, le symbole de Nemrod ou Chronos, celui qui a une corne, il ne faut pas s'étonner si l'on trouve, en Chine, le symbole de Dagon. Mais il y a un autre symbole de la puissance papale qu'il ne faut pas oublier, c'est la crosse pontificale. D'où vient cette crosse? Notre première réponse c'est que le pape l'a empruntée à l'augure romain. Celui qui connaît les classiques sait que lorsque les augures romains consultaient les cieux, ou tiraient des présages de l'aspect du ciel, ils avaient un instrument qui leur était absolument indispensable.Cet instrument qui leur servait à décrire la partie du ciel sur laquelle ils faisaient leurs observations, était recourbé à une extrémité et s'appelait lituus. Ce qui prouve évidemment que le lituus ou bâton recourbé des augures romains était identique à la crosse pontificale, c'est que les auteurs catholiques eux-mêmes, écrivant à une époque d'ignorance où le déguisement était jugé inutile, n'hésitaient pas à employer le mot lituus comme synonyme de crosse. Ainsi un écrivain papal décrit un certain pape ou évêque papal comme " mitra lituoque decorus," orné de la mitre et du bâton d'un augure; voulant dire qu'il avait une mitre et une crosse. Mais ce lituus ou bâton divin, que portait l'augure romain, était emprunté aux Étrusques qui, on le sait, l'avaient eux-mêmes pris aux Assyriens en même temps que leur religion. De même que l'augure romain se distinguait par ce bâton recourbé, ainsi les divins et les prêtres chaldéens, dans l'accomplissement de leurs rites, étaient d'ordinaire pourvus d'un croc ou d'un crosse. On peut faire remonter ce croc magique jusqu'au premier roi de Babylone, c'est-à-dire Nemrod, qui, d'après Berosus, porta le premier, le titre de roi-berger. En hébreu ou dans le chaldéen du temps d'Abraham, Nemrod le berger veut dire précisément Nemrod HeRoè; et c'est certainement du titre de " puissant chasseur devant l'Éternel" que dérivent à la fois le nom du héros lui-même, et tout le culte de ce héros, qui, depuis, s'est répandu dans le monde.Il est certain que les successeurs divinisés de Nemrod, ont été généralement représentés avec le croc ou la crosse. Ce fut le cas à Babylone et à Ninive, comme le montrent les monuments encore debout. La figure ci-jointe, tirée de Babylone, montre la crosse sous sa forme la plus grossière. Dans Layard, on la trouve sous une forme un peu plus parfaite et ressemblant presque entièrement à la crosse portée aujourd'hui par le pape. Il en était ainsi, en Égypte, après l'établissement du pouvoir Babylonien, ainsi que le témoignent les statues d'Osiris avec sa crosse. Osiris lui-même était souvent représenté comme une crosse surmontée d'un œil. C'est ce qui se fait chez les nègres africains dont le dieu, appelé le Fétiche, est représenté sous la forme d'une crosse comme le montrent évidemment ces lignes de Hurd: " Ils mettent des fétiches devant leurs portes, et ces divinités sont faites sous la forme de ces grappins ou de ces crocs dont nous nous servons d'ordinaire pour secouer nos arbres fruitiers." Cela se fait aujourd'hui dans le Thibet, où les Lamas ou Theros portent, ainsi que le déclare le jésuite Huc, une crosse, comme emblème de leur fonction. C'est encore ce qui se fait même au Japon, si loin de nous; voici, en effet, la description des idoles du grand temple de Miaco, le dieu principal : " Leurs têtes sont ornées de rayons de gloire : quelques unes ont à la main des crosses de berger, pour montrer qu'elles sont les gardiennes de l'humanité contre toutes les machinations des mauvais esprits". La crosse que porte le pape, comme emblème de son office de grand berger du troupeau, n'est donc ni plus ni moins que le bâton recourbé de l'augure ou le bâton magique des prêtres de Nemrod. Or, que disent de tout ceci les adorateurs de la succession apostolique? Que pensent-ils maintenant de leurs ordres tant vantés qu'ils font venir de Pierre de Rome? Ils ont raison, vraiment, d'en être fiers! Que diraient donc les anciens prêtres païens qui ont disparu de ce monde alors que les martyrs luttaient encore contre leurs dieux et qui, plutôt que de se tourner vers eux, " n'aimèrent pas leur vie plus que la mort," que diraient-ils s'ils pouvaient voir l'apostasie de la soi-disant Église de la chrétienté d'Europe ? Que dirait Belshazzar lui-même, s'il lui était permis de revoir " la clarté de la lune," d'entrer à Saint-Pierre de Rome, et de voir le pape dans ses attributs pontificaux, dans toute sa pompe et sa gloire ? Certainement il dirait qu'il est entré dans l'un de ses propres temples, autrefois si célèbres, et que toutes les choses continuent comme elles étaient à Babylone, cette nuit mémorable où il vit avec satisfaction cette inscription si terrible : " Mané, mané, tekel, upharsin!"
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